La Côte d’Ivoire est un pays qui s’est créé dans un contexte colonial. Ses limites ont été fixées par les Français en 1893 et ne tiennent donc pas compte d’une réalité sociale. La nation ivoirienne est donc constituée de plusieurs civilisations distinctes. Parmi elles, on compte les Akan. Cette société englobe à elle seule une multitude de plus petits groupes, dont le plus connu est celui des Baoulés.
Le territoire Akan s’étend sur le sud et l’est de la Côte d’Ivoire, ainsi que sur le sud du Ghana. Implantés dans l’actuelle Côte d’Ivoire au 17e siècle, ils proviennent d’après la tradition orale d’un pays appelé Agniwan-gniwan, qui se trouverait au nord du Ghana. Ils se qualifient de ‘‘vieille civilisation’’, car ils se considèrent comme la première civilisation installée dans le Golfe de Guinée. Cependant ils ne sont pas les premiers hommes à avoir peuplé ce territoire, il existait des peuples antérieurs très mal connus et absents de l’historiographie ivoirienne.
Une fois en Côte d’Ivoire, les Akans cherchèrent à former un espace de grande dimension et se lancèrent à la recherche d’or. Pour y parvenir, ils n’hésitèrent pas à se battre contre les populations autochtones installées depuis fort longtemps dans ces régions convoitées. Ainsi les Akans intégrèrent la forêt, la savane et le littoral marin.
Les Akans se divisent en plusieurs royaumes :
- Les royaumes Abron Nzima, Agnu Juaben se situent tout près de la frontière du Ghana. On appelle ce groupe les Akans frontaliers.
- Les Akans du centre constitués des Baoulés forment le deuxième groupe qui se situe principalement dans la région centre de la Côte d’Ivoire. Les Baoulés furent les derniers à migrer.
- Enfin le troisième groupe, les Akans lagunaires occupe le sud du pays.
Chaque royaume est constitué de plusieurs clans, et chaque clan est sous la tutelle d’un roi ou d’une reine qui contrôle la vie religieuse, économique et politique du clan. La société Akan est très hiérarchisée. La royauté s’exprime par la possession de trois objets : le tabouret, une collection de poids à peser l’or et le sabre. Chez les Akans, l’héritage ne se transmet pas de père en fils mais d’oncle à neveu. Le matrilignage et le sang structurent la formation des clans.
Leur religion repose sur la vénération de divinités naturelles telles que celles des montagnes et des forêts ; et des divinités surnaturelles telles que des géants ou des nains. Ils pratiquent aussi un culte des ancêtres. Des figurines en terre cuite moulées puis peintes qui représentent l’image d’un personnage de haut rang défunt sont au centre de ce culte. Une fois fabrication achevée cette sculpture de petite dimension est déposée auprès de la sépulture du défunt.
C’est une pratique ancestrale, mais ce système de succession est toujours ancré au sein de la civilisation akan. Dans chaque groupe, malgré quelques divergences de forme et de techniques de fabrications, les figurines sont utilisées lors de commémorations funéraires.
Le masque est un objet en bois sculpté. Dans la société traditionnelle, le masque est à la fois une institution religieuse, politique et sociale. Il est médiateur entre Dieu, les ancêtres et les hommes. Il intervient dans les décisions politiques, accompagne les semailles et les récoltes, punit les coupables, assure la pérennité du savoir, accueille l’enfant à sa naissance, lui permet de devenir adulte, l’amène au monde de la sagesse et l’accompagne dans sa vie.
Les Baoulés sont un peuple de Côte d’Ivoire font partie du groupe Akan et sont originaires du Ghana voisin. Ils s’installent en Côte d’Ivoire au xviiie siècle, guidés par la reine Abla Pokou. Le nom Baoulé vient du sacrifice, par la reine Pokou, de l’un de ses fils afin de passer un fleuve, alors qu’elle menait la fuite de son peuple du Ghana : ba ou li (l’enfant est mort). Les Baoulés se sont établis entre les fleuves Bandama et Comoé.
Le baoulé est donc une langue africaine de la famille des langues akan. Il s’agit de la langue du peuple des Baoulés. Elle est principalement parlée en Côte d’Ivoire dans le centre du pays à Bouaké, Yamoussoukro, Dimbokro, Béoumi, Sakassou, Daoukro, Bouaflé, Kouassi Kouassikro, Bodokro, Bocanda, Ouellé, M’bahiakro, Toumodi, Tiébissou et de Didiévi.
Il existe une vingtaine de sous-groupes appartenant à des aires géographiques spécifiques :
- les Akpouè dans la région de Yamoussoukro ;
- les Saha dans la sous-préfecture de N’Djébonouan, avec une communauté dans la sous-préfecture de Toumodi ;
- les Agba dans les départements de Dimbokro, de Bocanda, et dans les Sous-préfectures de Kouassi-Kouassikro;
- les Gbloh dans les sous-préfectures de Diabo et de Languibonou ;
- Les Ouéllé (N’naminh) dans la sous-préfecture de Ouéllé, Daoukro, d’Ettrokro et dans la sous-préfecture d’Akpassanou;
- les Ahitou dans les départements de Tiébissou, Toumodi (Abli, Lomo Nord, Gbofia, Ouaouakro…), de Dimbokro (Ahodji ou Abigui, Ediakro, Komienkouassikro, Ngangro, Angouakoukro, Lomo Bonianokro, Anokro, Dogba, Assekro, Asselokro)et quelques villages dans la Sous Prefecture de Didievi.
- les Gôdè dans les sous-préfectures de Ando-Kékrénou, Béoumi et Kondrobo dans le département de Béoumi. Le nom Gôdè vient du mot « kodè » qui veut dire «va vite », un ordre qui serait donné par la Reine Pokou pour la conquête de nouvelles terre;
- les Nanafwè dans les sous-préfectures de Yamoussoukro, d’Attiégouakro et de Tiébissou et deux villages dans la sous-prefecture de Dimbokro (Adahou, Trianikro);
- les Satiklan dans le département de Botro (souvent appelé Kouadiokro) ;
- les Gôly dans la sous-préfecture de Bodokro ;
- les Oualébo dans le département de Sakassou et de Toumodi (Oualèbo Sud);
- les Ahaly dans la sous-préfecture de Brobo ;
- les Sondo dans le département de M’bahiakro ;
- les Fâly au nord de Bouaké;
- les Dô’n occupant l’intersection des Sous-préfectures de Bouaké, Sakassou et de Languibonou ;
- les Souhamlin dans la sous-préfecture de Taabo ;
- les N’gban dans les sous-préfectures de Tie Ndiékro, Kpouèbo et Taabo ainsi que dans le département de Toumodi (Kpouèbo, Dida-Yaokro, Dida-Kouadiokro, Didablé) ;
- les N’zikpli dans le département de Didiévi et une communauté dans la sous-préfecture de Toumodi ;
- les Ayahou dans les départements de Sakassou, de Bouaflé et de Tiébissou (village de Do-Sakassou) ;
- les Faafwè dans la commune et sous-préfecture de Bouaké et quatre villages dans la Sous Prefecture de Dimbokro (Pokoukro, Assrekoffikro, Tahikro, Fahafoueattikro) ;
- les Andô dans la sous-préfecture de Prikro.
- Les Elomoué dans le département de Tiassalé ;
- Les N’guin dans le département de M’bahiakro ;
- Les Yôwrê dans les départements de Bouaflé.
Ces sous-groupes parlent la même langue avec quelques nuances surtout dans le ton et la prononciation.
Certains peuples qui ont subi la domination des Baoulés ont tendance à s’assimiler aujourd’hui aux Baoulés comme les Ouan (Tiéningbué, Kounahiri), les Ngain (M’bahiakro)
Les Baoulés ont occupé les régions forestières de l’ouest et du sud-ouest du pays, exploitant de grandes plantations de café et de cacao, modifiant ainsi la toponymie des localités de ces régions.
Le masque Baoulé double représente le mariage du soleil et de la lune ou des jumeaux dont la naissance est toujours un bon signe.
Les Baoulés ont occupé les régions forestières de l’ouest et du sud-ouest du pays, exploitant de grandes plantations de café et de cacao, modifiant ainsi la toponymie des localités de ces régions.
Patrimoine culturel ivoirien, le ‘’goli’’ est un masque danseur sacré, dansé au centre chez les baoulés et au centre -ouest chez les Wan/Gouro de Kounanhiri, ceux là même qui en sont les précurseurs.
Origine du masque ‘’goli’’
Les Wan, qui font partie du grand groupe ethnique Gouro, étaient les premiers habitants de Bouaké, ce sont eux qui ont crée le ‘’goli’’, qui est l’une de leurs plus anciennes danses. Le ‘’goli’’ qui imite le dragon lorsqu’il danse, selon les Wan, montre la manifestation d’un esprit qui l’habite provisoirement; de sorte que la personne qui le porte subit inconsciemment ses gestes brusque et répétés.
Le nom du masque est donné à certaines personnes soit pour les protéger, soit pour en pérenniser le nom aux fins d’une succession familiale. Pour un homme, il s’appellera Goli Bi qui veut dire le fils de Goli et une femme Goli Nan, la fille de Goli. Si le porteur du nom venait à tomber malade, l’on doit sacrifier un poulet, soit un mouton au masque ‘’goli’’ afin que la personne recouvre la santé. C’est vers 1900 que les Baoulés arrivés à Bouaké, vont emprunter le masque ‘’goli’’ aux Wan; ce qui explique aujourd’hui sa popularité et sa complexité.
Présentation physique du masque riche en symboles
Taillé dans du bois mi-dur, le masque présente des cornes d’antilope, un visage de crocodile sur lequel figure un éléphant, symbole de force et de sagesse. Sur les côtés, deux disques rouges symbolisent le soleil. Le masque porte un costume composé d’une cape en peau d’antilope sur un amas de fibres de feuilles de palmier fraîches. Lui, c’est le ‘’goli gloin’’, masque homme qui ne sort qu’à des occasions exceptionnelles. Le ‘’goli’’, masque d’origine Gouro, est un masque-heaume en forme de tête de buffle qui ne sort que pour les grandes occasions.
Dans la tradition Baoulé, Goli est le fils de Nyamien, le dieu du ciel. Il est aussi le père de Kplé-Kplé. Goli est une divinité protectrice. Il fait partie des Amouins (NDRL : fétiche en baoulé), les grands masques Baoulé. Le Goli et le Kplé-Kplé sont Akan. Le porteur du masque ‘’goli’’ est un initié plongé dans un sommeil hypnotique. Son costume se compose d’une grande cape, d’une jupe en fibres de raphia, de grelots aux pieds et d’une peau de panthère qu’il porte sur le dos. Lui, c’est le ‘’goli’’ qu’on peut trouver à toutes les cérémonies de réjouissances baoulé.
Les occasions de sortie du masque
Autrefois très sacré, le ‘’goli’’ ne faisait son apparition que pour des cérémonies spéciales: funérailles de chefs, des initiés et des dépositaires du masque au cours desquels des sacrifices sont faits pour conjurer le mauvais sort qui pourraient atteindre le village. Après quoi, le corps est accompagné par le masque jusqu’à la tombe. Pour la naissance d’un bébé ‘’goli’’, afin que celui-ci reçoive une bénédiction, le masque est dansé.
Aujourd’hui, le ‘’goli’’ est devenu un spectacle d’une journée qui implique tout le village, pouvant se danser lors de divertissements de tout genres; toutefois, la sacralisation du masque a été conservée car avant la prestation du masque, il lui est offert un poulet et une bouteille de liqueur.
La prestation du ‘’goli’’
L’annonce de la danse se fait par un cor dans lequel souffle une personne choisie qui est le soliste et qui communique avec le masque. Les autres membres de l’orchestre accompagnent le cor avec de grosses calebasses appelées ‘’toha’’ habillés de files ornés de petites paillettes de grains qu’ils tiennent en mains pour rythmer la danse. Les paroles des chants accompagnant l’orchestre, sont en ethnie Wan.
Le décor planté, les masques sortent par pairs, c’est d’abord les petits masques masculins “kplé-kplé” présentant des faces rondes qui font leur apparition. Après leur prestation, viennent les ‘’goli gloin’’ et pour boucler la fin des prestations, les masques féminins à tête d’homme aux coiffures tressées en forme de crête les ‘’kpan’’ ou ‘’allièkora’’. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, le ‘’goli’’ est dansé dans presque tous les villages des régions des Lacs et de la Marahoué.