Les masques revêtent une très grande importance dans les cérémonies en Afrique.

Autrefois ils étaient portés lors des cérémonies funéraires pour attirer les grâces de l’au-delà, guérir des maladies et éloigner les sorciers.

il faut alors concevoir le masque comme un mode du discours, comme un langage, comme une forme de rhétorique au sein de laquelle on est à même de retrouver les figures du discours textuel et de la littérature. Le masque africain est porteur d’un discours et d’un regard qui lui ôtent presque sa dimension fonctionnelle. De fait, ce regard déposé sur le masque, dans le masque et à travers lui, le transforme, non plus en tant qu’objet de culte ou de rite, mais en tant qu’une œuvre de contemplation. En d’autres termes, le masque devient une œuvre d’art, distincte de l’objet rituel qu’il fut ou demeure.

Le masque est le visage de l’Autre. Le masque est la pensée d’une société à laquelle il appartient. Le masque est une parole, un discours, un symbole. Le masque matérialise des mythes, des cultures et des traditions. Le masque est une osmose, un univers, un champ lexical, symbolique et artistique. En ce sens, le le masque peut être perçu comme l’expression d’une interdépendance entre forme et contenu. Les éléments du visage du masque sont des signifiants, qui chacun, correspondent à des signifiés. Extériorité et intériorité du masque se répondent, se nourrissent mutuellement et surtout, se construisent ensemble.

Or, aujourd’hui, ces masques sont arrachés de leur contexte initial, et présentés dans nos musées et institutions culturelles à un public décontextualisé, amateur etc…

Ainsi, ces masques s’offrent à notre imagination comme des images esthétiques, et nous les interprétons d’une manière toute singulière, en fonction de notre propre expérience sensible. Sans ôter le caractère sacré, parfois même secret, et profondément ancré dans des rites et traditions locales très anciennes, nous aborder une approche esthétique, stylistique et sensible de ces objets. En entrant dans nos musées, ces objets sont profondément désacralisés et décontextualisés, et s’offrent à nos yeux d’amateurs du XXIe siècles non avertis comme une œuvre d’art, comme un objet d’art africain, et non plus comme un art « sauvage », primitif ou nègre.

Le masque ivoirien est porteur d’un style artistique singulier, mais il convient de dire qu’il présente finalement plusieurs styles provenant de pistes variées. Le masque ivoirien révèle une interpénétration de cultures différentes. De ce fait, on observe des similitudes dans les arts des Wè, des Dan et des Grebo. D’autre part, le masque ivoirien présente de nombreuses caractéristiques propres à chacune des tribus du centre du pays, à savoir les Baoulés, les Sénoufos et les Gouro. Celles-ci révèlent un style tout à fait spécifique à leur communauté. L’interpénétration culturelle est pourtant visible dans les masques-heaumes, caractéristique commune qui témoigne de l’existence d’une style trans-ethnique, de relations culturelles entre les civilisations dues à des flux migratoires anciens ou contemporains, à des emprunts d’objets », ou encore à des artistes voyageurs.

Ainsi, le masque africain, et précisément ivoirien, est une figure d’expression, une écriture, un visage et un langage. Le masque ivoirien peut être une image esthétique, une œuvre d’Art et une matérialisation de son appartenance au monde sensible, sacré et ritualiste. Le masque peut porter en lui ces approches multiples à partir du moment où son regardeur le voit comme tel, lorsqu’il devient le créateur de l’Histoire culturelle, anthropologique, ethnologique, artistique, littéraire et mythologique de ce masque, recontextualisé et réinterprété dans l’œil moderne et unique de son spectateur.

En Afrique, on fabrique des masques depuis 6000 ans. Ils nous renseignent sur la culture des divers peuples qui forment le continent et plus précisément sur les aspects religieux. Les masques sont portés seulement par des hommes, puisqu’ils ne peuvent être vu par des femmes ou par des étrangers. Puisque le visage de l’homme est caché par le masque, ce dernier a pour fonction de faire « apparaître les esprits ». Ce sont des objets sacrés, utilisés lors de cérémonies et lors de danses rituelles. Les jeunes initiés ont le droit d’assister aux grandes cérémonies. La conception de cet art met l’accent sur la fonction du masque au détriment de sa configuration. Néanmoins il est intéressant d’étudier leur fabrication, puisqu’ils sont tous uniques, les formes et les styles abondent. C’est un art original qui se régénère de peuple en peuple.

La fabrication d’un masque nécessite d’une part la connaissance d’un savoir-faire qui se transmet de génération en génération et d’autre part la connaissance des mythes des ancêtres. Le maître transmet à son jeune sculpteur cet apprentissage tout en lui laissant des libertés techniques et créatrices. Ainsi, chaque population a élaboré un art plastique qui s’exprime par de multiples expressions.

Le bois est le matériau de fabrication le plus fréquent. A cette sculpture en bois on ajoute des pigments, des ornements et des fibres végétales tels que du raphia, des plumes, des perles ou des feuilles afin de créer des motifs humains ou animaliers et d’enrichir l’esthétisme de l’objet. Sur chaque masque, bien qu’ils soient tous uniques, on retrouve une organisation tridimensionnelle avec des volumes, une symétrie ou une asymétrie, des effets de lignes ou de courbes, des motifs géométriques avec des arrondis, des arrêtes, des saillis, toujours de façon frontale. Le sculpteur africain ne tient pas à signer son œuvre, puisque que le masque est la propriété du peuple auquel il appartient, il a été sculpté dans le but de servir le culte des ancêtres.

Il existe toute une symbolique des couleurs, qui font référence à des symboles parfois en contradictions, à tel point qu’il est difficile de les cerner. Ainsi :

– le blanc représente la mort, mais aussi la renaissance, la couleur de Dieu, de la lumière et de la pureté. On crée du blanc à partir du kaolin ou à partir de craie. Les sculpteurs anciens le fabriquait avec des coquilles d’escargots, des œufs ou avec des excréments de serpent.

– La couleur rouge, elle, peut représenter le sang, le feu ou le soleil. Elle symbolise certes la chaleur, mais aussi la fécondité et le pouvoir. On fabrique le rouge avec de la noix de kola mâchée que l’on recrache ensuite. Mais aujourd’hui les sculpteurs utilisent du rouge trouvé dans le commerce.

– Le jaune représente la paix, la sérénité, la fortune, l’espoir, l’éternité, mais il peut aussi représenter le déclin, l’annonce de la mort.

– Le bleu indique la froideur et d’autre part le repos terrestre, le rêve.

– Le vert quant à lui est symbole de nourriture et de virilité.

– Enfin le noir, fabriqué avec des feuilles ou des écorces transmet la mort, l’anéantissement, le mal, la sorcellerie et l’antisocial.

Il existe ensuite plusieurs types de masques, selon le domaine d’utilisation et de l’importance auxquels il se rattache. La différence apparait surtout selon la taille du masque, qu’elle soit petite, moyenne ou grande.

  • Les masques profanes regroupent l’ensemble des masques de petite dimension qui sont utilisés lors de fêtes de réjouissance.
  • Les masques guerriers font référence à la conquête, au pouvoir militaire et sont de grande taille.
  • Les masques danseurs sont les plus anciens et les plus utilisés. Avec des attaches, on troue de chaque côté le masque pour qu’ils puissent être portés par les hommes lorsqu’ils dansent.
  • Les masques hybrides représentent le contour du visage d’un homme et les attributs d’un animal avec l’ajout d’ornements tels que des cornes, des plumes ou des dents.

Pour citer quelques exemples de la civilisation Baoulé, les masques « Kplé-kplé » représentent le soleil, et ses rayons sont signalés par des triangles peints. Ces masques ornés de cornes de buffle sont symbole de fertilité. Ils sont employés dans les rites liés à l’agriculture mais aussi dans des cérémonies funèbres. Le style propre des Baoulés peut être considéré comme un mélange entre les techniques artistiques de l’Est et du Nord de l’Afrique Occidentale qui rappellent les masques des Adjas, des Sénoufos ou des Gouros par exemple.

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